Lors de la grossesse, les modifications hormonales, mécaniques, et musculaires peuvent contribuer à l’installation de douleurs lombaires. Dans la pratique médicale on pense que 46 à 58 % des femmes enceintes vont souffrir de douleurs lombaires, le plus souvent au cours du 2e ou 3e trimestre. La sciatalgie est la complication liée à cette condition clinique. 

Le nerf sciatique est le plus long du corps humain, il prend naissance dans les vertèbres lombaires (bas du dos) et se faufile à travers les muscles du bassin et de la jambe. La scialtalgie est généralement ressentie d’un seul côté du corps, elle provoque une douleur située soit dans la fesse, la jambe et parfois même jusque dans le pied. Cette douleur est souvent décrite comme un choc électrique et elle peut être aggravée lors de la marche, en position prolongée assise et debout. 

Les causes primaires reliées aux douleurs lombaires et la sciatalgie sont: les changements hormonaux et posturaux ainsi que les contraintes viscérales. 

Les changements hormonaux

L’hormone la plus souvent citée en lien avec les douleurs reliées à la grossesse est la relaxine. Cette hormone est responsable de l’augmentation de la flexibilité du bassin, de la colonne vertébrale et autres articulations afin de s’adapter à la croissance de la taille de l’utérus et favoriser la mobilité du corps lors de l’accouchement. La relaxine, en synergie avec une autre hormone l’œstrogène, peut également causer une hyperlaxité des ligaments qui assurent le maintient du bassin et de la colonne vertébrale. Les muscles situés dans cette région du corps vont réagir à cette hyperlaxité en augmentant la tension du tonus postural. La tension musculaire peut par conséquent contribuer à occasionner la compression du trajet du nerf sciatique à différent endroits de sa trajectoire.

Les changements posturaux

La croissance de l’utérus ainsi que la prise de poids lors de la grossesse vont entraîner progressivement une modification posturale significative du corps de la future maman. L’augmentation de la taille du fœtus entraînera au fil des mois le déplacement de l’utérus plus volumineux vers l’avant et vers le bas ce qui occasionnera le déplacement de la courbe lombaire (bas du dos) vers l’avant. Cette dynamique posturale fera en sorte que la femme enceinte sera contrainte à modifier le maintient du bas de son dos en utilisant davantage ses muscles lombaires et également ceux du bassin. Les muscles impliqués dans cette adaptation posturale peuvent par conséquent causer des contraintes de tensions sur les nerfs avoisinants, en l’occurrence le nerf sciatique sur son trajet dans le bassin et la jambe. 

Les contraintes viscérales

Les organes (viscères) sont retenus en place dans le corps grâce aux structures appelé « fascias ». Ces fascias sont des tissus souples dans lesquels cheminent les nerfs et les vaisseaux sanguins et sont en relation avec le squelette et les muscles. Lorsque les organes subissent des changements physiologiques il en découle un changement significatif appelé « adhérence » dans la qualité tissulaire des fascias. Dans le cas de la femme enceinte au cours de la grossesse il peut être question de changements physiologiques tels que la constipation, le diabète, l’hypo ou hyper thyroïdie, le reflux gastro-œsophagien, les nausées etc. Les adhérences vont alors progressivement installer une perte de facilité de mouvement des structures squelettiques en lien avec les organes perturbés et par le fait même occasionner des contractions musculaires qui vont conséquemment  installer de la douleur chez la femme enceinte. 

Le phénomène des adhérences dans les fascias est également associé aux chirurgies ou épisodes antérieurs de changements physiologiques que la future maman a pu subir dans son histoire de santé. En effet, le changement de souplesse des fascias peut perdurer longtemps dans la dynamique corporelle du corps de la future mère et venir la gêner lors de sa grossesse. 

Autres facteurs

Les autres facteurs aggravants qui peuvent occasionner la sciatalgie chez la femme enceinte sont : l’obésité, la grossesse multiple (jumeaux),  l’hyperlaxité, l’âge de la patiente, les activités sportives, la sédentarité, l’activité professionnelle et les épisodes antérieurs de sciatalgie, etc. 

L’ostéopathie et le traitement de la sciatalgie

Dans un premier temps, il est important de souligner que le traitement ou les soins de prévention de la sciatalgie ne peuvent occasionner aucun risque pour le fœtus. Il est cependant recommandé de consulter un ostéopathe spécialisé dans le traitement de la femme enceinte. De nombreux médecins et sages-femmes réfèrent régulièrement en ostéopathie afin que leur patiente puisse avoir une condition de santé de grossesse optimale menant à un accouchement nécessitant peu d’interventions obstétricales. 

Le travail de l’ostéopathe, dès le début du traitement, consistera à identifier les causes qui ont contribué à l’installation de la sciatalgie pour être en mesure de corriger celles-ci et ainsi éliminer les symptômes liés à la cette condition clinique. Grâce à des manipulations douces et précises l’ostéopathe vise à redonner de la mobilité dans les structures du bassin, de la colonne vertébrale, dans les organes (utérus ou autres), dans les fascias ou toutes autres composantes qui ont été modifiées durant la grossesse. Le travail local de l’ostéopathe sera par la suite incorporé à d’autres régions musculo-squelettiques afin de rééquilibrer l’ensemble du corps de la patiente. Le traitement de la sciatalgie de la femme enceinte, selon le cas, lorsque qu’il est traité par un ostéopathe spécialisé en périnatalité nécessite rarement de nombreux traitements.

Ma longue expérience comme ostéopathe spécialisée auprès de la femme enceinte me permet de proposer des exercices spécifiques  à la condition de ma patiente dans le but d’augmenter l’efficacité de mon traitement et la réduire le nombre de suivis en clinique.  En ma qualité de spécialiste j’ai souvent observé que la sciatalgie de la femme enceinte peut souvent être évitée lorsque la future maman consulte de façon préventive un ostéopathe spécialisé dans le suivi de grossesse.

 

Références

Turgeon J., Dictionnaire thérapeutique pédiatrique Weber, 2e édition, Gaëtan Morin, 2017

Beers, M.H., Le Manuel Merck, traduction en français de la 18e édition, Merck Research Laboratories, 2006